François-Charles de Vichy, baron de Ménétreux, était marié à sa cousine Marie Courtot, de Cissey ; famille pour laquelle il avait une douce affection. Deux jeunes filles grandissaient à ses côtés et pour elles il pensait au mariage. Bernard-Dominique Courtot, son beau-frère, avait épousé Anne Minard de Lautreville qui avait pour aïeul Antoine Minard de Montgarnau la Tour-Villemain, président au parlement de Paris, chancelier et tuteur de la Reine Marie Stuart, pendant son mariage avec François. Ce magistrat fort attaché à sa religion fut assassiné le 12 décembre 1559, au retour du palais et ce fut le prélude à la conspiration d’Amboise, première cause des guerres de religion. Bernard-Dominique eut cinq fils dont trois furent tués à l’armée. Le second, Charles fut l’auteur d’un fait dont nous parlerons plus loin. Le baron de Vichy résolut de s’attacher la famille Courtot de Cissey par des liens plus étroits avant de choisir un des fils pour gendre. Pour fixer leur père auprès de lui ; en vertu du droit féodal il créa en faveur de Bernard-Dominique un fief à Ménétreux, en Vide Grange, entre les prés d’Ogny et les vignes des Laumes. Cette inféodation donna rang à Bernard-Dominique de Cissey parmi les seigneurs de Ménétreux. Malheureusement le décès de la Demoiselle de Vichy dans sa quinzième année empêcha la seigneurie de Ménétreux de passer à la famille Courtot de Cissey. Cependant, pour enrichir la monographie de Ménétreux d’une belle page d’histoire, nous parlerons de cette famille qui s’illustra glorieusement. La famille Courtot de Cissey sans avoir le rang des Vichy, était ancienne et honorablement connue en Bourgogne. Jean Courtot, de Bretonnière, était chevalier du duc de Bourgogne en 1347 et le 17 mai 1360 il recevait du duc Philippe une pension de 40 livres pour prix de ses longs services. Philippe Courtot de Bretonnière était procureur du Duc pour son duché en 1386, et ce fut lui qui le représenta lors du traité du 21 avril 1394 avec le sire de Beaujeu. Son fils Guillaume fut nommé président de la chambre des comptes le 15 août 1418 et chargé des missions des plus importantes. Le 19 mai 1420 il présida l’enquête faite sur l’assassinat de Jean Sans Peur sur le pont de Montereau par Tanguy du Chatel, un conseiller du dauphin. En 1439 il est député avec Jean de Fribourg, maréchal de Bourgogne, pour traiter avec les grandes compagnies qui désolaient nos provinces. Dès 1428, le duc Philippe le Bon lui avait accordé des lettres de noblesse pour lui et sa postérité eu égard des services rendus. Revenons donc à Charles, second fils de Bernard-Dominique Courtot de Cissey : « âgé de 21 ans et commandant un détachement du régiment de chasseurs de Hainaut dont il était le lieutenant à Villeneuve-le-Roi, il fut averti en février 1791 que Mmes Adélaïde et Victoire de France, tantes de Louis XVI, allaient traverser cette ville pour gagner la frontière. Villeneuve était connue par l’esprit révolutionnaire de ses habitants. Si Mesdames De France étaient reconnues s’en était fait d’elles. Charles distribue ce qu’il a d’argent à sa compagnie, la fait monter à cheval, court au devant de la voiture et la précédant ventre à terre, traverse Villeneuve où le parti révolutionnaire averti accourait déjà pour arrêter les princesses. Le jeune lieutenant fonce, culbute ceux qui s’opposent à son passage, électrise ses soldats et escorte les filles de France en lieu sûr. Mais, à son retour le peuple effraie ses hommes qui, pour éviter d’être compromis, se révoltent contre leur chef. Charles de Cissey est blessé et après avoir abattu plusieurs individus il est lui-même terrassé et entrainé sur la place au milieu d’une population furieuse. Le tocsin sonne, les tambours battent, on hisse Charles de Cissey à la lanterne, mais saisissant un couteau qu’il avait conservé, il coupe la corde, retombe à terre, et en impose tellement par sa contenance énergique et son courage, que des gardes nationaux accourus au son du tocsin s’interposent entre le peuple et lui. Puis ils l’emmènent à l’hôtel de ville et pour le sauver l’envoient à Paris d’où il s’échappe pour gagner la frontière. Maurice, son frère ainé, militaire aussi, émigra, et à la rentrée des Bourbons, fut nommé commandant des Gardes Nationales du Doubs. Tous deux ont habité Ménétreux dans leur jeune âge. Maurice a deux fils : Ernest-Louis-Octave, commandant de la Légion d’honneur, 14 fois cité à l’ordre de l’armée, nommé ministre de la Guerre le 31 mai 1873 sur le ministère Broglie, le 3éme de la III République. Son frère Alfred était colonel au 72éme régiment de ligne. Avant que les relations de vassalité aient eu leur dénouement dans l’abolition de la régie féodale, il semble que celles existant entre les familles de Vichy et Courtot de Cissey s’étaient altérées. Source: M R. Blanchot
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